Combien de dents de sagesse possédons-nous vraiment ? Démêler le vrai du faux

Combien de dents de sagesse possédons-nous vraiment ? Démêler le vrai du faux #

Nombre théorique des dents de sagesse : la règle des quatre #

La littérature dentaire s’accorde à établir que l’adulte en bonne santé dispose théoriquement de quatre dents de sagesse. Positionnées à l’extrémité de chaque arcade dentaire, elles complètent la série des molaires, une en haut à droite, une en haut à gauche, une en bas à droite et une en bas à gauche. Leur émergence débute, pour la majorité, entre 16 et 25 ans. La présence de ces troisièmes molaires porte le total de la dentition adulte à 32 dents, si toutes se forment et parviennent à faire éruption correctement.

  • Nombre standard : quatre, dans la majorité des cas observés
  • Localisation : extrémité postérieure de chaque arcade dentaire
  • Âge d’éruption : entre 16 et 25 ans
  • Fonction initiale : mastication des végétaux coriaces et des viandes crues, nécessités disparues avec l’évolution alimentaire

En réalité, tout le monde n’atteint pas ce chiffre. Plusieurs facteurs, tant génétiques qu’environnementaux, interviennent et modifient sensiblement ce nombre théorique. Aujourd’hui, il devient rare de rencontrer un adulte avec 32 dents bien alignées et en place, ce qui démontre l’étendue de la variabilité humaine.

Absence, surnombre ou agénésie : les grandes variations individuelles #

La diversité liée à la formation et l’éruption des dents de sagesse s’avère remarquable. Nombreuses sont les personnes qui ne développent qu’une, deux ou trois dents de sagesse, certaines n’en possèdent aucune. Cette absence totale ou partielle porte le nom d’agénésie, un phénomène de plus en plus répandu. Des études récentes montrent que près de 20 à 25 % des Français adultes présentent une agénésie d’au moins une dent de sagesse.

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  • Agénésie : absence de formation d’une ou plusieurs troisièmes molaires
  • Dents de sagesse incluses : dents qui existent mais ne percent pas la gencive, souvent pour cause de manque d’espace
  • Surnombre : cas rares de cinq, voire six dents de sagesse, documentés dans certaines publications médicales

En 2019, le CHU de Lille a recensé plus de 300 patients présentant au moins une agénésie lors de consultations orthodontiques. À l’opposé, les cas de surnombre restent anecdotiques, à l’instar d’une étude menée à Toulouse où deux adolescents présentaient cinq et six dents de sagesse détectées lors de radiographies panoramiques. Ces variations démontrent à quel point la dentition humaine diffère d’un individu à l’autre, influencée par des facteurs à la fois héréditaires et environnementaux.

Facteurs génétiques et évolution de la dentition humaine #

Les avancées en génétique permettent désormais d’identifier clairement l’influence de l’héritage familial sur la formation ou l’absence des dents de sagesse. Plusieurs gènes, dont PAX9 et MSX1, apparaissent impliqués dans l’agénésie des troisièmes molaires. Ces mutations se transmettent de génération en génération et tendent à augmenter dans les populations industrialisées.

  • Influence des gènes : mutations affectant la croissance et l’éruption des molaires terminales
  • Évolution alimentaire : transition vers une alimentation cuite, moins abrasive, favorisant la réduction des mâchoires humaines
  • Réduction de la taille des mâchoires : difficulté voire impossibilité d’accueillir toutes les dents permanentes, dont les troisièmes molaires

La transformation progressive des habitudes alimentaires, le développement de l’outillage et la cuisson des aliments ont contribué à une réduction notable de la taille des arcades dentaires. Résultat : nos mâchoires n’offrent plus toujours l’espace nécessaire à l’éruption harmonieuse de ces molaires, accentuant l’incidence de dents de sagesse incluses, ou d’agénésie pure et simple.

Différences hommes-femmes et population mondiale #

Des analyses statistiques menées en Europe montrent que les hommes disposent légèrement plus souvent de dents de sagesse visibles que les femmes. En 2022, une vaste étude japonaise menée auprès de 1 320 sujets adultes a révélé que 55 % des hommes présentaient au moins deux dents de sagesse, contre 45 % chez les femmes. Cette différence pourrait être corrélée à la disposition anatomique des mâchoires, généralement plus larges chez l’homme.

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  • Hommes : fréquence supérieure de dents de sagesse présentes ou en cours d’éruption
  • Femmes : tendance à l’agénésie plus fréquente, mâchoires plus fines
  • Diversité mondiale : populations d’Asie de l’Est (Japon, Corée) connaissent des taux d’agénésie avoisinant 50 %, contre seulement 10 à 20 % en Afrique ou au Moyen-Orient
  • Influence des modes alimentaires : populations rurales avec alimentation plus fibreuse présentent davantage de dents de sagesse pleinement formées

La diversité culturelle et génétique mondiale se reflète dans la variabilité du développement de ces troisièmes molaires. L’alimentation traditionnelle, restée longtemps plus abrasive dans certaines contrées rurales d’Afrique ou d’Amérique du Sud, favorise la persistance du schéma dentaire complet. Cette disparité intercontinentale témoigne de l’impact du mode de vie sur la structure bucco-dentaire et la prévalence des dents de sagesse.

Quand et pourquoi surveiller le nombre de troisièmes molaires ? #

S’interroger sur la présence ou l’absence de ses dents de sagesse n’est pas anodin. Leur positionnement, leur développement ou leur absence complète nécessitent parfois une prise en charge médicale adaptée. Les professionnels de la santé bucco-dentaire s’appuient sur la radiographie panoramique pour déterminer le nombre réel de troisièmes molaires, détecter les inclusions, ou prévenir d’éventuelles complications.

  • Surveillance préventive : radiographie panoramique à l’adolescence ou au début de l’âge adulte
  • Complications potentielles : péricoronarite, caries, infection, déplacement des dents voisines, kystes
  • Consultation d’un spécialiste : en cas de douleurs, d’inconfort ou de suspicion d’inclusions

En 2021, les recommandations de la Haute Autorité de Santé insistaient sur la nécessité d’une surveillance régulière, notamment pour prévenir les risques infectieux et les déplacements dentaires causés par des troisièmes molaires mal positionnées. Des cas concrets signalent régulièrement des infections sévères dues à des dents de sagesse incluses ou à éruption partielle, qui auraient pu être évitées par une détection précoce et une surveillance adaptée.

Futur de la dent de sagesse : vers une disparition programmée ? #

Le statut des dents de sagesse en tant que vestige évolutif est aujourd’hui largement admis par la communauté scientifique. Leur utilité fonctionnelle s’étant éteinte à mesure que les modes de préparation alimentaire se sont transformés, la fréquence de l’agénésie et des inclusions s’accroît au fil des générations. Les simulations évolutives prévoient que ce phénomène poursuivra sa progression, amorçant une tendance à la disparition progressive de ces molaires chez l’espèce humaine.

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  • Vestige de l’évolution : rôle initial dans la mastication des aliments crus ou durs
  • Mutation génétique positive : absence totale de dents de sagesse considérée par certains chercheurs comme une adaptation moderne
  • Tendance croissante : hausse de l’agénésie dans les générations récentes, documentée par des travaux de l’INSERM en 2022

À votre avis, cette évolution doit-elle être considérée comme bénéfique ? Nous pouvons estimer que la disparition progressive des dents de sagesse n’a que peu d’incidences négatives pour l’équilibre bucco-dentaire, à l’exception de quelques cas particuliers où leur absence pourrait fragiliser certaines structures de la mâchoire. Il paraît donc pertinent de suivre de près les évolutions de ce phénomène, tout en adaptant la prise en charge médicale aux besoins spécifiques de chaque individu.

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